Nous retrouvons Trani le 16 juin, notre Ville aux Sortilèges. Et notre resto au du port, petit centre du monde formé par le cercle de ce port naturel, dominé par sa cathédrale normande et fermé par sa forteresse. Nous sommes chez nous ici comme au XI ème siècle. Français, nous sommes très appréciés, bien que personne ne reconnaisse notre langue, hors ceux, comme le docteur Giuseppe Calo qui ont un pied-à-terre rue de Seine à Paris 6ème! Il nous a spontanément offert une bouteille de Spumante sortie du frigo de sa grosse vedette. Le Whisper se tient bien debout sur son ber, tel que nous l'avions quitté il y a dix mois, mais sa carène antifoolinguée et sa robe polishée brillante nous le rend tout neuf comme ceux qu'on trouve au Salon Nautique Porte de Versailles. Nous avons, comme d'habitude quelques journées de bricolage pour le mettre en ordre de marche, tout en dormant à bord, la clef du chantier naval Carofiglio dans notre poche. Et de voir défiler depuis la hauteur de notre pont, tous les soirs, une multitude de beaux et belles jouvenceaux et jouvencelles, ces dernières dévoiant le maximum de leur cuissettes déjà bronzées. Ils et elles vont tous au bistrot-cabaret situé juste derrière nous, de l'autre côté de la muraille du fort. Dagi m'accompagne dès lendemain chez le dermato local, dans les beaux quartiers, un très grand bureau, une consultation très longue et l'addition conséquente de 80€. Mon problème, c'est que les petites taches rouges qui étaient venues il y a peu sur mes avant-bras ont grossies soudainement après l'effort de porter nos sacs de voyages remplis de matos nautique divers; ces sacs pesants sont sans roulettes, pour pouvoir être pliés à bord. Diagnostic: Tout va bien, rien de grave, mais ne faites plus d'efforts démesurés, évitez la chaleur, faites des analyses pour savoir d'où ça vient. Et revenez me voir si vous êtes morts (c'est moi qui rajoute) Dois-je rajouter que nous mouchons et toussons comme des vieux asthmatiques, pris par je ne sais quelle allergie pulmonaire depuis notre retour d'Alsace il y a deux mois! Nous avons quand même décidé de vérifier sur pièces, partir en croisière comme d'habitude et voir si l'expérience sera positive. Approvisionnement donc au super marché, livrés à domicile au pied du bateau. La chaleur est assommante (36-38° dans la cabine) mais les soirs à l'apéro en terrasse, avec les hirondelles qui plongent presque dans nos verres, sont inoubliables. Nous retrouvons notre mascotte, le chien noir et poussiéreux Ciceronne, qui dort 16h par jour n'importe où il fait frais, parfois au milieu du trottoir, les passants l'enjambent; Nous ajouterons une deuxième mascotte, Felicce le chat noir et blanc que rien ne réveille quand il dort lui aussi 16h sur les pierres de la corniche, on peut presque lui tirer la moustache sans qu'il ouvre l'œil. Restos-bistrot-dodo et quelques courses, rangements et remontages nous occupent jusqu'au départ, ponctués par deux ou trois bains de mer au Lido Bella Venezia, état major de Dagi. Neuf jours ont ainsi passés. Le 25 juin nous appareillons pour Manfredonia. Nous y étions déjà l'année dernière en fin de croisière à la recherche d'un chantier pour l'hivernage, puis nous avions décidé de revenir à Trani, capté comme Ulysse par son sortilège. (Voir la dernière page 2015 de ce blogue et excusez-moi pour les redites!) Tout se passe magnifiquement en mer, les deux tiers à la voile, en douceur. Que le Wisp marche donc bien! Je jubile, me sent régénéré par le large, me félicite déjà moi-même de mon courage d'être parti en dépit des menaces… Après avoir mouillé nos deux ancres devant la ville, je regarde mes bras, catastrophe: les plaques rouges se sont ouvertes, il faut préparer de gros pansements de fortune et je me retrouve avec deux larges manchettes blanches sur les bras. Cette fois ça prend une tournure handicapante; je ne peux pas naviguer avec les bras sanguinolents et tous les risques d'infection que cela présage à bord. Je baisse les bras, c'est le cas de le dire. La nuit passée, nous relevons les ancres et repartons sur Trani. Excellente navigation au retour, cependant que le ciel se couvre d'énormes nuages en forme d'enclume, signe de dépression orageuse. Arrivé à PortoTrani, force nous est de constater que j'ai encore aggravé mon état. Dagi va acheter de la gaze et nous faisons deux nouveaux pansements plus orthodoxes que le précédent (fait avec du PQ!) Nous reprenons RDV avec CaroFiglio pour un nouvel hivernage du Whisp et réservons un vol pour Bari-Paris. Quelque soit l'avenir, à moins qu'il ne soit trop noir, même si je ne peux plus brasser voiles et cordages, nous garderons le Whisper à Trani comme port d'attache, à flot, de façon à pouvoir revivre ici chaque année deux mois de "farniente"!! Désolé pour mes quelques fidèles lecteurs de ce blogue qui n'aura donc qu'une seule page en 2016...